FICHE HISTOIRE
Situé à l’extrême sud-ouest de l’Amérique latine, le Chili occupe une longue et étroite bande de terre entre l’océan Pacifique et la Cordillère des Andes. Sa superficie totale est de 765 000 km² en incluant ses territoires insulaires de l’océan Pacifique, comme les îles Juan Fernández, Sala y Gómez, Desventuradas et l’île de Pâques. Le Chili est bordé au nord par le Pérou, à l’est par la Bolivie et l’Argentine, au sud et à l’ouest par l’océan Pacifique.
Début du XIXème siècle : la guerre d'indépendance
1808 : l’étincelle qui met le feu aux poudres
La campagne d’Espagne menée par Napoléon en 1808 marque le début des mouvements indépendantistes en Amérique latine. L’abdication du Roi Fernando VII en faveur de Joseph Bonaparte porte atteinte au prestige de l’Espagne. L’absence d’un roi légitime pose le problème de la vacance du pouvoir.
18 septembre 1810 – 2 octobre 1814 : l‘époque de la « Vieille patrie »
Un Congrès de Gouvernement (Junta de Gobierno) est établi, pour affirmer le soutien du pays au monarque Ferdinand VII et pour gouverner pendant sa captivité. C’est un régime autonome à l’égard de Madrid, conférant temporairement le pouvoir à une assemblée de notables locaux. Il a pour chef Matero de Toro y Zambrano, le doyen (85 ans) des officiers supérieurs du pays. N’ayant pas d’intention indépendantiste au départ, cette expérience d’autonomie va cependant, dès l’arrivée au pouvoir de José Miguel Carrera (1811), tourner à l’aspiration séparatiste.
Influence de la Révolution française
Les idéaux révolutionnaires libéraux hérités de la Révolution Française, ainsi que l’indépendance des États-Unis font prendre conscience des questions de souveraineté et du droit des peuples à se gouverner eux-mêmes.
Au Chili, comme dans la plupart des pays d’Amérique latine de l’époque, vivent différentes populations qui n’ont pas le même statut, ce qui est source de tensions. Les Espagnols venus d’Europe, côtoient les criollos (créoles), les descendants d’Espagnols nés en Amérique, considérés comme inférieurs et qui ne peuvent pas exercer de fonctions administratives ni religieuses.
1er – 2 octobre 1814 : la bataille de Rancagua
Rancagua, ville au Sud de la capitale chilienne, est le théâtre de combats entre les loyalistes espagnols et les indépendantistes. Malgré la défaite de ces derniers, cette bataille met en lumière un personnage clé de l’histoire du Chili : Bernardo O’Higgins. Après le désastre de Rancagua, qui permet aux Espagnols de rétablir temporairement la domination coloniale, O’Higgins se réfugie à Mendoza en Argentine, où il rencontre José de San Martin, un autre libertador, et rejoint l’Armée des Andes, qui a pour but et raison d’exister de libérer le Sud de l’Amérique.
12 février 1817 : la bataille de Chacabuco
Chacabuco, région au Nord de la capitale chilienne, a donné son nom à la bataille qui ouvre au Chili le chemin de l’indépendance. Ce jour là, San Martín ayant traversé la cordillère des Andes à la tête d’une armée d’environ 6 000 hommes, il remporte une victoire décisive sur les troupes de la couronne espagnole. Après avoir vaincu l’armée loyaliste, les indépendantistes libèrent Santiago, la capitale du Chili. O’Higgins est alors proclamé Directeur suprême de la Nouvelle Patrie, le Chili.
12 février 1818 : proclamation de l’indépendance du Chili
Le jour anniversaire de la bataille de Chacabuco, O’Higgins déclare solennellement l’indépendance du Chili. Les combats avec les Espagnols se poursuivent. Le danger d’un retour colonial espagnol est définitivement écarté en avril de la même année, suite à la bataille de Maipù.
1818-1831 :
4 mars 1819 : la citoyenneté aux Chiliens
Ayant proclamé la République, le Chili souhaite rompre avec le passé et créer une société nouvelle, égalitaire. C’est ainsi que le 4 mars 1819, la citoyenneté est reconnue à tous les habitants du Chili, quelles que soient leurs origines : populations autochtones, Européens, Créoles et Afro-chiliens. Les Créoles peuvent désormais, comme les Européens, accéder aux emplois publics.
Bernardo O’Higgins est considéré comme le Libertador, ou « libérateur » du Chili. Élu député du Congrès constituant, puis porte-parole de la Juntae de Gobierno (structure politique dictatoriale majoritairement composée de militaires) il devient le premier chef d’État du Chili indépendant.
Dès sa nomination en tant que Chef suprême de la Nation, O’Higgins a procédé à de nombreux changements afin d’asseoir son pouvoir et marquer une rupture significative par rapport à l’ancien système colonial. Il installe un régime exécutif de nature dictatoriale. Il réforme le système sanitaire, fait réaliser des travaux d’aménagement des villes et crée une école militaire d’État, afin de mettre en place une armée chilienne.
Il gouverne pendant six ans durant lesquels il se heurte à l’opposition du clergé et des propriétaires terriens dont les privilèges de l’époque coloniale ont été abolis. Cette période est également marquée par des exécutions, et une tentative de coup d’État. La mauvaise gestion économique provoque une crise qui génère des tensions sociales et politiques.
28 janvier 1823 : la démission de Bernardo O’Higgins
Le 28 janvier 1823, Bernardo O’Higgins démissionne et laisse la place à une junte, composée majoritairement de militaires, qui détient ensemble les pouvoirs exécutif et législatif.
Le pays connaît alors une période de forte instabilité politique, caractérisée par de nombreuses insurrections. La révolution de 1829 oppose les pelucones (conservateurs) aux pipiolos (libéraux).
1831-1861 : La République des conservateurs
Entre 1831 et 1861, les conservateurs dirigent les affaires du pays. Le gouvernement bénéficie alors d’une stabilité assez forte et d’une croissance économique importante, notamment grâce à l’exportation de matières premières (cuivre, argent et salpêtre).
25 mai 1833 : une nouvelle Constitution
La victoire des conservateurs suite à la révolution de 1829 leur permet de faire adopter une nouvelle constitution. Afin de la rédiger, le pouvoir met en place une assemblée composée de trente-six membres (des députés et des citoyens). Le texte, qui institutionnalise un système de gouvernement autoritaire, désigne officiellement le président de la république chilienne comme le chef suprême de la nation. Il se trouve à la fois à la tête du gouvernement et de l’État.
Le 25 mai 1833, le gouvernement de l’estanquero Diego Portales, figure emblématique de la révolution, promulgue la nouvelle loi suprême. La Constitution de 1833, qui restera en vigueur jusqu’au coup d’État de septembre 1924, jouira de la période d’application la plus longue de l’histoire du Chili.
1836 : les premières rivalités avec le Pérou
Le littoral pacifique est l’objet de nombreuses tensions entre le Chili, le Pérou et la Bolivie. Le tracé des frontières est encore incertain. La création d’un port bolivien, Cobija, sur la côte litigieuse attise les tensions. Le Chili en dénonce l’établissement sur un territoire qu’il considère comme sien.
Pérou et Bolivie se réunissent en une confédération; chaque État y conserve sa propre constitution et son propre gouvernement. La nouvelle confédération est représentée par un seul chef d’État, le maréchal Andrés de Santa Cruz, président de la Bolivie. Perçue comme une menace à ses intérêts économiques, le 28 décembre 1836, le Chili déclare la guerre à la Confédération. Six mois plus tard, l’Argentine s’allie aux Chiliens contre la Bolivie et le Pérou.
Le conflit prend fin le 20 janvier 1939 avec la victoire des Chiliens à la bataille de Yungay. La Confédération péruvo-bolivienne est dissoute.
1861-1891 : La République libérale
18 septembre 1861 : José Joaquin Perez devient président
Le libéral José Joaquin Perez, issu du Partido Nacional (né de la fusion entre les libéraux et d’ autres opposants aux conservateurs), est élu président de la République. Durant son mandat, il entame un grand nombre de réformes institutionnelles visant à réduire les pouvoirs du président et qui empêchent sa réélection directe. Il fait de la laïcité de l’État un des ses combats majeurs en s’attaquant aux privilèges accordés à l’Église. Cette période correspond également à la formation d’une élite économique qui investit dans l’industrialisation, grâce aux revenus des mines. Cette élite soutient les libéraux et demande plus de démocratie et de libertés économiques. Parallèlement se constituent des groupes ouvriers qui s’organisent peu à peu en syndicats et qui exigent, eux, des mesures sociales.
L’occupation de l’Araucanie (quelquefois désignée sous le terme de pacification), une zone peuplée par les indigènes, se déroule sous le présidence de Perez. Cela permet d’écarter les militaires de la scène politique et de les envoyer en direction du cap Horn. Tout comme pour la guerre du Pacifique, cette conquête permet au Chili de s’étendre et de consolider son régime libéral – qui en sort vainqueur. Le Chili peut ainsi mettre la main sur de nombreuses ressources minières.
1879-1884 : la guerre du Pacifique
Les intérêts commerciaux restent au centre des débats des dernières années du XIXème siècle. Le Chili, après une première victoire sur les pays voisins, est bien décidé à poursuivre sa politique expansionniste.
La guerre du Pacifique, qui met à nouveau aux prises le Chili, la Bolivie et le Pérou, s’inscrit dans la continuité du précédent conflit de 1836-1838. Les rivalités commerciales entre ces pays prennent de l’ampleur, lors de la découverte de ressources naturelles importantes dans les régions qui longent la côte au nord. Une majeure partie de cette zone, territorialement bolivienne, est exploitée par des investisseurs chiliens. Or, ces terres ont acquis une grande valeur économique suite à la découverte de gisements de salpêtre (nécessaire pour la fabrication de poudre à fusil) de guano (fiente d’oiseau riche en nutriments, pour les engrais), et plus tard de mines d’argent.
La Bolivie souhaite profiter fiscalement de ces richesses et impose aux exploitants chiliens de nouveaux impôts. Les Chiliens, en désaccord avec cette mesure, prennent le contrôle du port d’Antofagasta, point de départ des exportations de salpêtre. Le 1er mars 1879, la Bolivie et le Pérou déclarent la guerre au Chili. Le conflit a lieu sur deux fronts, maritime, pour obtenir rapidement la domination des mers, et terrestre, dans les départements de Tacna, Arica et Tarapaca. Il prend fin le 4 avril 1884, avec le traité d’Ancón. La Bolivie y perd tout accès à la mer en devient le seul pays andin sans façade pacifique.
1891 : la guerre civile
Après la conquête des régions du littoral, le Chili connaît une croissance économique exceptionnelle. Au niveau politique, la situation est moins heureuse. Le parti des libéraux, dont est issu le président élu José Manuel Balmaceda, doit soutenir de nombreuses querelles avec les conservateurs. Le Congrès national rejette la loi de finances de l’année 1891, présentée par Balmaceda, accusé de corruption. En réplique, il promulgue le budget de l’année précédente et déclare le Congrès clos jusqu’au mois de mars suivant. Le 1er janvier 1891, le Congrès le dépose.
Les premiers affrontements se déroulent quelques jours plus tard dans le port de Valparaiso. La guerre civile qui commence va opposer la marine nationale rebelle (congressiste) à l’armée loyaliste. Elle va durer quatre mois et coûter la vie à 10 000 Chiliens. Le 19 septembre 1891, Balmaceda, réfugié à l’ambassade d’Argentine, se donne la mort. La sédition parlementaire a gagné. Manuel Montt devient président. Le Chili entre alors dans une longue période de paix et de reconstruction, durant laquelle le Congrès va s’imposer comme une institution politique dominante.
1891-1925 : La République parlementaire
La victoire de la sédition parlementaire marque le commencement de la période dite “République parlementaire”, qui se perpétue jusqu’en 1925.
Le système politique instauré à partir de la fin de la guerre civile, confirme le contrôle de l’Etat par les grands propriétaires terriens, la bourgeoisie minière et bancaire. Les pouvoirs du parlement sont renforcés. Le président de la République n’assume que des fonctions représentatives et n’a aucun pouvoir.
Économiquement, le Chili est prospère. Il s’engage dans des travaux d’aménagement du territoire et de rénovation urbaine – cependant que, en août 1906, un violent tremblement de terre détruit Valparaíso et provoque la mort de près de 3 000 personnes.
Durant les deux premières décennies du XXème siècle, le Chili fait face à de nombreuses évolutions sociales qui bouleversent les populations. Aux forts exodes ruraux s’associent les problèmes de surpopulation urbaine et de santé publique. Le taux d’analphabétisme est en augmentation. Les conditions de travail des ouvriers sont déplorables. Une vague de protestations des travailleurs s’élève contre le gouvernement, inapte à gérer la situation.
Les conditions de vie des classes populaires se dégradent avec l’industrialisation. Élu en 1920 président de la République, Arturo Alessandri Palma propose des réformes pour améliorer les conditions sociales des Chiliens. Mais ces projets rencontrent l’opposition du Parlement, où la majorité lui est hostile. Les difficultés socio-économiques touchent aussi les militaires dont les salaires sont très bas : le 3 septembre 1924, ils expriment leur grogne en venant dégainer leurs sabres devant l’Assemblée. Cet évènement sera retenu dans l’histoire comme le ruido de sables (« le bruit des sabres »).
Par crainte d’un coup d’État, Alessandri quitte le gouvernement quelques jours plus tard et se réfugie en Italie. Les militaires forment alors une junte gouvernementale , qui se révèle vite incapable de dominer les évènements.
Alessandri fait son retour au gouvernement en 1925. Il entame alors de nombreuses réformes et convoque un référendum afin de mettre en place une nouvelle Constitution.
1925-1973 : À la recherche de la stabilité
18 septembre 1925 : promulgation de la nouvelle Constitution
La nouvelle Constitution instaure un régime présidentiel accordant de larges pouvoirs au président, et mettant fin définitivement au parlementarisme.
Cette période marque l’ascension de Carlos Ibáñez del Campo, président de la République à deux reprises (entre 1927 et 1931, puis entre 1952 et 1958), reconnu comme l’un des chefs d’Etat marquants de l’histoire du Chili.
1938-1941 : le New Deal chilien de Cerda
Le 24 décembre 1938, Pedro Aguirre Cerda, représentant la coalition de la gauche chilienne, est élu président de la République. Il instaure une politique de réformes inspirées du New Deal visant à accroître la productivité industrielle et à améliorer le système de santé. D’importants investissements publics sont engagés.
Durant son mandat, à la demande du Parti communiste (membre de la coalition au pouvoir), Cerda accepte d’accueillir des réfugiés fuyant le régime franquiste espagnol. Pablo Neruda est chargé d’organiser leur accueil au Chili.
Neftalí Ricardo Reyes, plus connu sous le nom de Pablo Neruda, est un homme de lettres, homme politique et prix Nobel de littérature en 1971. La relation de Neruda avec la politique remonte aux années 1920, au moment des grandes agitations ouvrières qui touchent aussi le milieu universitaire.
Dans les années suivantes Pablo Neruda entre dans les services diplomatiques, et devient consul du Chili, dans plusieurs villes étrangères. En 1936, lorsque la guerre civile espagnole éclate, il est en poste à Barcelone. En 1945, il est élu sénateur des provinces du Nord du Chili. Il mène sa carrière politique au sein du Parti communiste chilien, raison pour laquelle il est contraint à l’exil en 1949, sous la présidence Gonzales Videla. Il rentre au Chili en 1952. Il y meurt quelques jours après le coup d’État de Pinochet en 1973.
1949 : l’exclusion des communistes
À l’initiative du président Gabriel González Videla, président de la République, en 1948, la loi de défense permanente de la démocratie, appelée par certains la « loi maudite », est promulguée. Elle interdit le parti communiste chilien et exclut des listes électorales plus de 25 000 personnes. Elle reste en vigueur dix ans (jusqu’en 1958), et correspond à la période initiale de la Guerre froide, où les tensions internationales, entre bloc occidental et bloc soviétique, sont exacerbées.
1970-1973 : le socialiste Salvador Allende au pouvoir
Le 4 septembre 1970, Salvador Allende, l’un des fondateurs du parti socialiste, est élu président de la République. Son gouvernement met en œuvre de nombreuses réformes visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs, et à une meilleure répartition des richesses. Ce faisant, son programme porte atteinte aux intérêts des classes privilégiées chiliennes et des grandes entreprises multinationales, principalement américaines. Allende procède à des réformes agraires, puis nationalise certaines industries, dont les mines de cuivre.
Durant son mandat, il se heurte aux conservateurs et aux chrétiens-démocrates et doit faire face à une crise économique, accentuée par le désengagement des investisseurs étrangers (notamment américains). Des grèves sans précédents s’ensuivent. Le 11 septembre 1973, Allende est victime d’un coup d’État militaire commandé par le général Augusto Pinochet. Le président chilien se suicide quelques heures plus tard.
1973-1988 : La dictature de Augusto Pinochet
Pinochet met en place une dictature appuyée sur une répression sévère. La torture est institutionnalisée, les libertés civiques bafouées. Plusieurs milliers de dirigeants syndicaux et politiques sont arrêtés et assassinés.
Durant ses années à la présidence du Chili, il suspend et modifie la Constitution pour prolonger son mandat à plusieurs reprises.
Le Chili d’Augusto Pinochet participe à l’opération Condor, qui réunit les dictatures militaires des pays sud-américains dans les années 1970. Épaulés par des membres de la CIA et de l’OAS, les services secrets de ces pays collaborent pour enlever et assassiner des dissidents, mettant en place un véritable terrorisme d’État.
Sur le plan économique, le gouvernement met en œuvre une politique néolibérale effrénée qui, d’une part, stimule l’initiative privée et ralentit l’inflation, mais qui, d’autre part, plonge une grande partie de la population dans la pauvreté. La classe moyenne, touchée dans ses conditions de vie, n’offre plus au régime un soutien inconditionnel. Face à l’opposition populaire qui monte contre lui, Pinochet établit l’état de siège en novembre 1984. En 1986, à la suite d’un attentat contre sa personne, le dictateur impose des mesures encore plus répressives. Mais son régime est désormais affaibli.
5 octobre 1988 : victoire du « non » à Pinochet
Le 5 octobre 1988, un nouveau référendum pour permettre à Pinochet de rester au pouvoir est organisé. Le « non », porté par une opposition pluraliste, gagne à 56% contre 44% pour le « sí », obligeant le dictateur à se retirer de la vie politique.
1989 à aujourd'hui : Vers la démocratie
1990-1994 : le gouvernement de transition de Patricio Aylwin
Le 14 décembre 1989, Patricio Aylwin, démocrate-chrétien, gagne les élections présidentielles aux dépens d’un rival de centre-droit, et d’un autre candidat pro-Pinochet.
En charge de 1990 et 1994, Aylwin entame un processus de démocratisation du pays, auquel s’opposent les militaires et les conservateurs, toujours dirigés par Pinochet, qui reste commandant en chef des forces armées chiliennes. Durant cette période la Constitution de 1980 est toujours en vigueur et Aylwin doit composer avec le veto des militaires sur certaines de ses décisions politiques, économiques, sociales et culturelles.
2006 : élection de la première femme présidente de l’histoire du Chili
Médecin de formation, Verónica Michelle Bachelet Jeria entre en politique après la transition démocratique des années 1990. Michelle Bachelet est la fille du général légaliste Alberto Bachelet. Tous deux ont été emprisonnés et torturés sous la dictature de Pinochet. Son père est décédé des suites de l’impact des tortures sur sa santé tandis qu’elle choisit le chemin de l’exil de 1975 à 1979.
Michelle Bachelet est nommée ministre de la santé en 2000 et de la défense en 2002. Candidate socialiste de la Concertación democrática, elle est la première femme chilienne accédant à la présidence. Elle occupe le poste à deux reprises : une première fois de janvier 2006 à mars 2010; la deuxième fois de 2014 jusqu’à 2018.
Depuis 2020 : rompre définitivement avec le passé
Le 25 octobre 2020, les Chiliens sont appelés aux urnes lors d’un référendum pour instaurer une nouvelle Constitution remplaçant celle adoptée en 1980 sous le régime militaire de Augusto Pinochet. Ils votent à près de 80 % en faveur de l’écriture d’un nouveau texte. Le peuple chilien entend désormais rompre avec l’ère pinochetiste et tourner la page de la période de transition démocratique.
Le 4 septembre 2022, après 12 mois de travail acharné de l’Assemblée constituante élue en 2021, est soumise une proposition de texte constitutionnel aux Chiliens. Ceux-ci rejettent le texte à 62 % de non contre 38% de oui. Gabriel Boric, président du Chili depuis quelques mois, renouvelle son gouvernement et relance le processus d’élaboration d’un nouveau texte, dont l’adoption sera le défi principal de sa présidence.
Illustration : À Racangua (Chili) le 20 octobre 2019, sur la plaza de los Heroes, plus de 20 000 personnes se sont rassemblées dans le cadre de l’Estadillo social, le mouvement social chilien de 2019-2020. Celui-ci a commencé par des manifestations contre la hausse des tarifs des billets de transport à Santiago de Chile avant de s’emparer du thème du changement démocratique et d’enflammer tout le pays.
Photographie de SrArancibbia (internaute) – CC BY-SA 4.0
Source : France Diplomatie (Ministère des Affaires étrangères et du développement international -Direction des Archives -pôle géographique).