menu Menu
Le Brésil du XIXe siècle à aujourd'hui
LES ARTICLES
Par Bérengère Long

Le Brésil est l’un des géants territoriaux de la carte politique du globe. Présentant très tôt à l’époque contemporaine le visage d’une société divisée entre un petit nombre de très riches possédants (essentiellement fonciers) et une masse de très pauvres gens, il a conservé jusqu’aujourd’hui, malgré son évolution démocratique, cette caractéristique majeure de richesses immenses cernées de misères innombrables. Aussi est-ce un pays constitutivement fracturé, dont le développement et la réussite économiques, comme la stabilité politique, ont pour condition obligée une meilleure égalité sociale. 

Le Brésil d’aujourd’hui en quelques notions clés

Cinquième plus grand État du monde après la Russie, le Canada, les États-Unis et la Chine, le Brésil occupe la moitié de la superficie de l’Amérique du Sud. Il partage ses frontières avec dix pays : l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, le Guyana, la Guyane, le Paraguay, le Pérou, le Suriname, l’Uruguay et le Venezuela – quasiment tous les pays de l’Amérique du Sud sauf le Chili et l’Equateur. D’une superficie de plus de 8 millions de km², il compte environ 215 millions d’habitants. Le Brésil est une ancienne colonie portugaise contrairement aux autres pays de l’Amérique du Sud qui sont des anciennes colonies espagnoles (mis à part le Guyana, ancienne colonie britannique, le Suriname, historiquement néerlandais et la Guyane, territoire français). Sa capitale était  Rio de Janeiro jusqu’en 1960. Depuis cette date, elle a été déplacée à Brasilia, ville sortie de terre en quelques années, située au centre du pays.

Les forces armées brésiliennes se classent parmi les vingt premières puissances militaires et à la deuxième place au niveau du continent américain, juste derrière celles des Etats-Unis. C’est également la huitième puissance mondiale. Le Brésil fait partie de l’ONU, du Mercosul (Marché commun du Sud) avec d’autres nations d’Amérique du Sud, du G20, qui rassemble les vingt plus grandes économies mondiales, et des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Malgré sa puissance économique, les inégalités sociales et économiques y sont parmi les plus élevées du monde ; en 2017 c’est le 3ème pays d’Amérique latine pour les inégalités sociales, après le Honduras et la Colombie.

Le Brésil possède une importante diversité ethnique et culturelle avec un grand nombre de Brésiliens ayant des ancêtres issus de pays européens (Portugal, Italie, Allemagne, Espagne) mais aussi africains et amérindiens. En ce qui concerne sa démographie religieuse, c’est la deuxième nation chrétienne du monde et la première nation catholique. Économiquement, c’est une nouvelle puissance pétrolière : en 2013, ses réserves contiennent l’équivalent de 106 milliards de barils et cette estimation croît constamment.

Le Brésil depuis la conquête coloniale jusqu’à son indépendance

Le Brésil est découvert par les Portugais en 1500. À l’époque, environ deux millions d’Amérindiens répartis en diverses tribus sont établis sur ce grand territoire. Peu après 1500, des navigateurs portugais rapportent du Brésil le bois de Brésil, bois de couleur braise qui donne son nom au pays. La colonisation ne commence que dans les années 1530 lorsque le roi du Portugal divise le pays en douze capitaineries, système qu’il supprimera au profit d’un gouverneur général chargé d’administrer toute la colonie en 1549. Le sucre devient à ce moment-là la principale richesse commerciale, et l’envoi d’esclaves africains au Brésil doit permettre d’augmenter la production et de répondre à la demande internationale croissante.

Après une courte présence française sur une partie du Brésil, celui-ci se développe économiquement et attire en 1630 les Néerlandais de la Compagnie des Indes occidentales. Les populations locales se révoltent contre eux et en 1661, avec le traité de La Haye, les Portugais récupèrent les territoires du Brésil.

En 1807, les armées napoléoniennes envahissent le Portugal et poussent le prince régent Jean IV à transférer au Brésil sa cour de Lisbonne. Les institutions locales sont alors développées, des places financières émergent avec une banque nationale. C’est à ce moment que le pays s’ouvre à l’échelle mondiale, rompant avec le monopole commercial portugais.

Les tribunaux européens exigent dès 1814 (avec la fin de la guerre espagnole) le retour du prince régent et de sa mère mais, désireux de demeurer au Brésil, ceux-ci élèvent le Brésil au rang de Vice-Royaume et en font la capitale de leur empire. Ce sera le Royaume-Uni de Portugal, du Brésil et des Algarves. Toutefois, les Européens réclament toujours le retour de la famille royale à Lisbonne. En 1821, une révolution éclate au Portugal pour transformer le régime en monarchie parlementaire. Une constitution est mise en place en 1822 et abolit l’absolutisme. Jean IV est contraint de retourner en métropole pour prêter serment à la nouvelle constitution. Il laisse au Brésil son fils, le prince Pierre, régent du Vice-Royaume.

Après le départ du roi Jean IV, les Cortes portugaises, premier parlement du Portugal contemporain issu de la Révolution, veulent mettre fin à l’autonomie du Brésil. La population brésilienne se range aux côtés du Prince Pedro. Commence alors en 1821 une guerre d’indépendance, qui va durer trois ans et se terminer en 1824 avec la victoire des armées brésiliennes et la signature du traité de Rio de Janeiro (1825). L’Empire du Brésil a été officiellement proclamé dès le mois d’octobre 1822, et le Prince Pedro couronné empereur sous le nom de Pedro Ier ou Pierre Ier.

L’Empire du Brésil

L’empereur, au cours de ses années d’exercice du pouvoir, fait face à de nombreux mécontentements : des adversaires intransigeants, des volontés républicaines, des accusations dans la presse, un scandale conjugal… Il finit par abdiquer en 1831 au profit de son fils Pierre II, seulement âgé de 5 ans, et retourne au Portugal pour restaurer sa fille Marie II, reine légitime, face à l’usurpateur Michel (frère de Pierre Ier).

A la suite de cette abdication, l’Empire est traversé par une crise qui durera douze ans : Pierre II encore mineur, le régent se révèle peu habile à gouverner. Finalement, Pierre II est proclamé empereur deux ans avant sa majorité, en 1841, pour résoudre les problèmes qu’affronte le pays.

Pierre II consolide peu à peu son pouvoir malgré quelques crises entre 1848 et 1852. Son empire profite d’une stabilité intérieure et d’une grande prospérité économique. Les exportations augmentent considérablement, plaçant le Brésil en tête de l’Amérique latine. En 1858, le pays devient la huitième puissance économique mondiale, avec une croissance semblable à celle des États-Unis et des puissances européennes. Il se développe dans le secteur industriel, passant d’une cinquantaine d’usine en 1850 à six-cent-trente-six en 1889 (fin de l’empire). Les systèmes ferroviaire (neuvième réseau mondial), téléphonique (réseau pionnier) et de traitement des eaux usées (cinquième rang des pays les plus avancés dans ce domaine) sont installés sur tout le territoire. L’armée du Brésil, et plus particulièrement la marine de guerre, est l’une des plus importantes et des plus modernes : en 1889, c’est la sixième du monde ; elle possède les plus puissants navires du continent américain.

Dans les années 1860, le Brésil fait face à deux épreuves de force à l’échelle internationale. En Uruguay (indépendant depuis 1828 mais fortement lié au Brésil) où s’est déclarée une guerre civile, l’armée brésilienne est intervenue, y rétablissant vite le calme et pacifiant la région. Cependant le Paraguay a profité des troubles pour envahir la province brésilienne du Mato Grosso. Quatre mois plus tard, il attaque l’Argentine avant derechef d’agresser le Brésil : c’est le début de la guerre du Paraguay. Le sud de l’Amérique s’embrase : l’Argentine s’allie au Brésil et à l’Uruguay contre le Paraguay. Pierre II prend lui-même part aux combats. Une victoire du Brésil et de ses alliés met fin à la guerre en 1870.

Une seconde crise éclate du fait des Britanniques. Deux incidents mineurs en 1861 et 1862 poussent le consul britannique William Douglas Christie à envoyer à l’empereur un ultimatum. Ce dernier ne s’y conformant pas, des vaisseaux britanniques capturent des navires marchands brésiliens. Pierre II réagit en ordonnant à sa marine de guerre de faire barrage aux Britanniques. Christie doit alors reculer. Plus tard, l’ambassadeur britannique Edward Thornton présente publiquement à l’empereur des excuses au nom de la reine Victoria et du gouvernement britannique : c’est une victoire diplomatique pour Pierre II.

En 1871, l’Empire proclame la liberté des enfants naissant d’esclaves : l’esclavage brésilien est condamné à disparaître une fois morts ses derniers représentants. Les fazendeiros, les maîtres, lancent alors leur dévolu sur une main d’oeuvre blanche, en attirant des immigrés européens, à qui ils promettent des terres. Une fois sur place, ces nouveaux arrivants doivent s’endetter pour payer leur visa, en empruntant aux fazendeiros, et travaillent à leur service pour les rembourser : leurs conditions de travail sont aussi dures que celles des esclaves noirs. Une loi, promulguée en 1888 abolit complètement l’esclavage. Cette loi Aurea pousse les propriétaires à se révolter contre l’Empire.

Un Brésil républicain sous la coupe des grands propriétaires agricoles

En 1889, un coup d’État militaire met fin à l’empire et instaure la République : le pays est dirigé par une oligarchie de riches propriétaires et d’élus locaux jusqu’en 1929.  Cette République s’inspire du modèle des États-Unis. C’est un état fédéral, très conservateur en raison du poids politique des fazendeiros. On appelle ce régime la « République Café com leite » (République Café au lait) car il s’appuie sur les producteurs de café de São Paulo et les industries laitière-bovine du Minas Gerais. Les propriétaires fonciers sont surnommés les coronels et contrôlent les élections. Il n’y a de fait pas de campagne électorale ; les présidents « élus » doivent simplement avoir les faveurs du plus grand nombre de généraux de l’armée et des gouverneurs des États. Les propriétaires de São Paulo et du Minas Gerais placent à tour de rôle leur homme à la tête de l’Etat.

La société de la République « Café com leite » s’appuie sur la devise d’Auguste Comte « Ordre et Progrès » qui figure encore sur le drapeau de la République. Auguste Comte, philosophe et sociologue français est le fondateur du positivisme. Ses travaux influencent la Constitution de 1891 de la République du Brésil.

A cette époque, de nombreux immigrés intellectuels et diplômés européens (Italiens, Allemands, Portugais, Espagnols) viennent s’établir dans le sud du Brésil et enrichissent le pays de leurs talents : médecins, pharmaciens, cols blancs, commerçants fondant des hôpitaux, usines, ateliers, brasseries et magasins.

Après avoir fondé, au XVIIIème siècle, son économie sur la culture et le commerce de la canne à sucre, le Brésil ajoute de nouvelles productions agro-industrielles à son économie : le café et le caoutchouc. Au début du XXe, le Brésil fournit 75% de la production mondiale de café, mais avec la chute du prix des matières premières de 1906 à 1914, les prix de cette denrée s’effondrent. Pour les maintenir artificiellement, l’État achète le surplus de production et le met en stock ou le détruit.

Malgré ses difficultés politiques internes, le Brésil participe à la Première Guerre mondiale, ce qui lui procure un statut de puissance internationale et lui fait espérer jouer un rôle important au sein de la Société des Nation (SDN). Cependant, il n’obtient pas un siège de membre permanent dans le « Conseil » de la SDN. Lorsque l’Allemagne, elle, en bénéficie en 1926, il abandonne l’organisation internationale, pour marquer sa désapprobation de ce choix.

Dans l’entre-deux guerres, le pays fait face à une longue crise (entraînant la destruction de la surproduction de café stockée par l’État) et à de nombreuses grèves populaires. Quelques soulèvements, initiés par des officiers issus des classes moyennes, fragilisent la « Vieille république » entre 1922 et 1926. Les revendications de ces rebelles concernent en particulier le vote secret, la liberté de presse et d’association, le respect des résultats électoraux, l’alphabétisation, et la nationalisation des intérêts économiques étrangers.

La crise de 1929 ruine le pays et entraine la chute de l’oligarchie et de son gouvernement. Les élites de São Paulo mettent fin à l’alliance avec celles du Minas Gerais en présentant leur propre candidat à la présidence. Les propriétaires du Minas Gerais appuient la candidature de l’opposition ; Getulio Vargas, alors gouverneur du Rio Grande do Sul. Après plusieurs mois de dépouillement des résultats électoraux, le candidat de São Paulo est déclaré vainqueur. Mais les résultats sont vite contestés, notamment par les officiers des classes moyennes, ainsi que par les mouvements sociaux dont Vargas s’est fait le défenseur. Une conspiration se met en place dans les régions du Rio Grande do Sul et du Minas Gerais pour contrer la prise de pouvoir du vainqueur.

L’ère Vargas

Le coup d’État du 4 octobre 1930 remplace la République par la gouvernance populiste de Getulio Vargas. Celui-ci devient légalement président en 1934, puis dictateur, en s’octroyant tous les pouvoirs en 1937, grâce à l’instauration de l’Estado Novo (l’État Nouveau). Surnommé « Père des pauvres », il conduit une politique de grands travaux, instaure des mesures protectionnistes, nationalise les ressources pétrolières, met les syndicats sous contrôle, favorise les réformes sociales, élargit le droit de vote qui jusqu’à présent n’était réservé qu’aux élites, améliore le système éducatif et le met sous le contrôle de l’Église, et met fin à l’État laïc. Il obtient ainsi le soutien à la fois des militaires, qui apprécient sa gestion autoritaire du pays, et de l’Église, satisfaite de la fin de la laïcité. Le contrôle des syndicats et l’amélioration de la qualité de vie des travailleurs, permettent aussi à Vargas d’avoir le soutien des masses.

Pendant la Seconde guerre mondiale, alors que Vargas est accusé de sympathiser avec les totalitarismes fascistes et nazi, ce qui fait craindre son appartenance à l’Axe (regroupant les forces en guerre contre les Alliés), le Brésil, s’alignant avec les États-Unis, envoie des troupes en Europe pour combattre avec les Alliés. Ce rapprochement avec les États-Unis permet au Brésil de s’industrialiser, grâce aux achats américains et aux financements octroyés par Roosevelt. Des troupes brésiliennes combattent sur le sol européen, ce qui permet au pays d’assumer un rôle international important.

Après 1945, le Brésil entre dans une période de turbulences politiques : une alternance d’épisodes démocratiques et de dictatures militaires très conservatrices. Vargas doit mettre à exécution sa promesse de 1937, de quitter le pouvoir. Il laisse la place à l’un de ses alliés, puis revient aux affaires en 1950. Mais les difficultés économiques lui font perdre le soutien des militaires et des masses ; et l’opposition devenue plus forte entrave les mesures de redressement nécessaires qu’il voudrait prendre. Il se suicide à la suite d’un scandale lié à la tentative d’assassinat contre un de ses opposants.

Le temps de la dictature militaire

De 1964 à 1985, le pays est sous régime militaire à la suite du putsch organisé par des officiers de l’armée brésilienne. Ces militaires sont imprégnés par la doctrine de sécurité nationale et les théories de la guerre contre-révolutionnaire, qui attribuent un rôle politique et administratif aux armées. A l’heure de la Guerre froide, les généraux putschistes justifient leur action par le communisme pénétrant l’Amérique latine. Le président Jango est lui-même soupçonné d’être communiste à cause des différentes mesures qu’il prend pour le pays : nationalisations diverses, suffrage universel, redistribution des richesses. Les généraux se soulèvent et prennent le contrôle du pays en 1964. La Constitution est suspendue, le Congrès dissout et des pouvoirs dictatoriaux sont instaurés. Un Centre d’instruction de la guerre dans la jungle est créé à Manaus, plus grande ville de l’Amazonie. Cette dictature est bien accueillie, la presse chante les louanges des Putschistes, la Maison des Familles (grand mouvement catholique) manifeste pour approuver l’action des militaires. Mais rapidement commence la répression avec des centaines d’arrestations d’opposants au régime. La première victime de ces rafles est la jeunesse, politisée, qui a manifesté son rejet du coup d’Etat. Des escadrons de la mort sont mis en place pour mettre fin à toute forme d’opposition. Le pays vit dans un état permanent de peur, de délation et de tension.

Le gouvernement prend des mesures d’austérité pour lutter contre l’inflation, réduire le déficit public, restreindre l’accès au crédit et limiter les salaires. Ces mesures sont particulièrement défavorables aux salariés, mais elles sont efficaces pour rééquilibrer les comptes publics.

Les militaires affirment s’être appuyés sur le peuple pour leur coup d’éclat, mais la répression, l’épuration administrative, la délation ainsi que l’austérité économique fragilisent la confiance des Brésiliens dans les nouvelles autorités. La contestation se développe avec les étudiants, les ouvriers et l’Église (qui pourtant avait salué le coup d’État).

Au milieu des années 1970, les dictatures militaires d’Amérique latine (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), avec le soutien tacite des États-Unis, mettent en place l’Opération Condor, grand plan pour lutter contre le communisme et les opposants aux régimes militaires d’Amérique latine. Cette opération fera des milliers de morts, car de nombreux groupes armés révolutionnaires se sont formés contre les dictatures militaires.

Avènement et turbulences de la démocratie au Brésil

L’Abertura, en 1979, marque le début du retour de la démocratie au Brésil. Cependant, c’est seulement en 1984 que la dictature prend fin. Un nouveau régime politique, nommé la Nouvelle République, est mis en place. La nouvelle constitution est adoptée en 1988 et instaure une république fédérale présidentialiste, octroyant de nombreux pouvoirs au président. C’est une nouvelle phase démocratique, rythmée par des élections tous les quatre ans. Parmi les difficultés que les premiers présidents doivent affronter, outre le processus de transition démocratique, il y a la réduction de la dette extérieure, le combat contre l’inflation galopante et la corruption.

Les présidents se succèdent avec leurs plans pour restaurer la situation économique et sociale du Brésil. Mais il faut attendre l’arrivée au pouvoir de Itamar Franco en 1992 et de son ministre Cardoso, ministre de l’économie, qui met sur pied le plan plano real, pour que soit enfin jugulée l’inflation. A la suite de Franco, Cardoso remporte les élections deux fois de suite (1994 et 1998).

En 2002, Luis Ignacio Lula Da Silva, qui se présente pour la quatrième fois aux élections présidentielles, les remporte . Il est membre du Parti des Travailleurs, situé à la gauche de l’échiquier politique. Il favorise le développement de la classe moyenne et les investissements étrangers. Il lance la Bolsa Familia, un programme d’allocations familiales permettant de faire progresser rapidement le revenu des plus pauvres. Pour leur rendre plus accessibles les médicaments essentiels, Lula Da Silva lance le programme des pharmacies populaires. Il met également en place le programme Fome Zero (Faim zéro) qui permet aux familles déshéritées, par des aides sociales, d’accéder à une alimentation de base. En mai 2010, le Programme Alimentaire Mondial (PAM) de l’ONU décerne à Lula Da Silva le titre de « champion mondial dans la lutte contre la faim ».

Le président Lula Da Silva travaille également à réduire les discriminations : la minorité noire s’organise et combat plus ouvertement le racisme dont elle est victime (chaîne de télévision, organisation antiraciste).

Lula Da Silva sera remplacé en 2011 par Dilma Rousseff, qu’il soutient, à la présidence de la République. Il n’a fallu qu’une vingtaine d’années depuis la restauration de la démocratie pour voir une femme accéder à la présidence du Brésil. En 2016, après avoir été réélue deux ans plus tôt, Dilma Rousseff est victime d’une procédure de destitution suite à des révélations mettant en cause le Parti des Travailleurs (auquel elle appartient) et son ancien chef Lula Da Silva : c’est l’opération Lava Jato. Elle est remplacée par son vice-président Michel Temer jusqu’aux prochaines élections de 2018.

Nouveau président élu en 2018, Jair Bolsonaro est un nostalgique du régime militaire de 1964. Il remplace le programme Bolsa Familia par celui d’Auxilio Brasil et met l’accent sur la santé et l’éducation, thématiques essentielles au Brésil, où la fracture scolaire entre établissements publics et privés est importante, ce qui favorise les décrochages scolaires et l’arrêt des études pour les jeunes des milieux populaires. Il soutient, avec son parti, la privatisation et la décentralisation, et adopte dans son programme la lutte contre l’insécurité et la corruption. Il favorise ainsi le port d’armes. Il permet également la déforestation de l’Amazonie pour augmenter la production agricole.

En 2022, après une campagne serrée, Jair Bolsonaro perd les élections face à l’ancien président Lula Da Silva. Ce scrutin met en lumière la forte polarisation des opinions et la division du Brésil. En témoignent les manifestations contre Lula et l’occupation du siège des trois pouvoirs le 8 janvier 2023.

Illustration : Benedito Calixto (1853-1927), « Proclamation de la République », huile sur toile, 1893.
Pinacothèque municipale de São Paulo


Précèdent Suivant

keyboard_arrow_up
Facebook
Twitter
YouTube
Tiktok